Dès qu’on parle de Laguiole (attention à prononcer « Laïole »), on pense à la fameuse abeille posée sur le ressort de ce couteau.
Pourtant, l’abeille n’est pas le symbole d’une marque et Laguiole reste le nom du village de l’Aveyron qui a vu la fabrication du premier couteau de ce type. Donc, sans être une marque déposée, la dénomination exacte est « couteau de Laguiole ».
Laguiole, la petite histoire
C’est en 1828 que le premier coutelier s’installe à Laguiole, petit village Aveyronnais situé au cœur du plateau de l’Aubrac. Les premiers couteaux fermants de Laguiole ont une lame « bourbonnaise » pointe centrée, une mouche sans aucune décoration et un ressort à cran d’arrêt.
Quelques années plus tard, ce couteau simple devient un couteau trois pièces : la lame, le tire-bouchon et le poinçon, ce dernier servant essentiellement aux éleveurs pour percer la panse des animaux ayant abusés de l’herbe fraîche. Le tire-bouchon est ajouté à la demande des Laguiolais, exilés sur Paris et travaillant comme garçons de café.
L’abeille se pose sur le couteau de Laguiole en 1909, et selon la légende, elle matérialise l’hommage rendu aux Laguiolais par l’empereur Napoléon. Malheureusement, la première guerre mondiale (1914-1918) met fin à l’essor de cette industrie.
Il faut attendre 1985 pour le maire de Laguiole, représentant de nombreux Aveyronnais, relance la fabrication du couteau à l’abeille. C’est l’ouverture de la « Forge de Laguiole® » en 1987 qui voit la concrétisation du projet, pour un développement sans cesse croissant jusqu’à nos jours.
Aujourd’hui, l’appellation couteau de Laguiole n’est pas officiellement protégée et de nombreuses copies, venues en particulier de Chine et du Pakistan, inondent le marché mondial. Des démarches sont en cours pour que le travail de ces artisans soit reconnu comme unique et que leur fabrication soit estampillée d’une « Appellation Géographique Contrôlée ». Démarche qui est mise en cause par les fabricants de couteaux de Laguiole situés à Thiers et qui réalisent une grande partie des produits commercialisés.
Le couteau de Laguiole, le savoir-faire de la coutellerie artisanale
Chaque véritable couteau artisanal de Laguiole est fabriqué à la main par des artisans au savoir-faire exceptionnel, qui exécutent entre 109 et 216 opérations en fonction du type de couteau.
Les critères de qualité de cette fabrication artisanale imposent une trempe individuelle et un ajustage manuel vérifié par l’œil expérimenté de l’artisan.
- Le travail de la lame et du ressort :
Le guillochage (la décoration) de la lame et du ressort est exécuté à la main. Le ressort est poli à l’intérieur et sa mouche est forgée avec une butée, empêchant la lame de claquer en refermant le couteau.
- Le travail du manche : os ou corne
Le manche des premiers Laguiole est fabriqué en os ou en corne, et principalement de la corne de pointe, massive et résistante. Le bas de corne étant creux, il donne une corne pressée plus fragile.
- Le travail du manche : bois précieux
Le bois s’impose dès le début de la fabrication des couteaux de Laguiole et à l’époque, ce bois est issu des essences locales. Au fil du temps, l’origine du bois s’est diversifiée pour une utilisation actuelle de tous les bois exotiques et précieux que l’on trouve en marqueterie. L’association d’un acier brillant, d’un acier mat ou encore d’un acier décoré et d’un manche en bois précieux est la signature supplémentaire d’un travail de qualité.